296, rue Lecourbe
Parallèlement à la production quotidienne de son entreprise, Louis Barnier crée des imprimés qui, telles les plaquettes de vœux imprimées entre 1961 et 1986, participent à la singularité de l’Imprimerie Union que son directeur s’attacha à développer tout au long de sa carrière.
Le déménagement de l’Imprimerie Union pour le 296, rue Lecourbe le 1er avril 1961, fournit ainsi l’occasion d’une carte. Le recto est illustré d’un dessin de Siné qui représente l’astronome Méchain en train de donner une presse d’imprimerie au Général Lecourbe. La carte coupée en son centre, s’ouvre sur une note et les deux volets internes livrent les biographies des deux hommes, manière originale pour se jouer d’une formalité qui aurait pu n’être qu’administrative et informative. Louis Barnier élabore également en guise de plaquette publicitaire un dépliant de 111 cm présenté dans une pochette rose. Puis une autre plaquette publicitaire imprimée à la fin des années soixante-dix suite à l’article écrit par Hajime Katô sur l’Imprimerie Union et paru dans un magazine japonais, dans lequel l’artiste évoque les visites qu’il rend à Louis Barnier lors de la confection des catalogues et affiches pour ses expositions annuelles à la Galerie Céline d’Estrée. Ainsi le cartouche supérieur de la plaquette annonce : « Vous savez lire le Japonais ? Nous non plus. Mais on sait qu’on parle de nous – et en bien – dans l’article que nous reproduisons ci-dessous et qui est paru dans une revue japonaise. – Vous ne connaissez pas l’Imprimerie Union ? C’est amusant, puisque les Japonais, eux désormais, la connaissent. – Appelez-nous au 558.02.33 et nous serons heureux de faire connaissance ».
Il arrive que le seul espace de l’imprimé réservé à l’imprimeur soit investi, comme dans l’exemple du catalogue anniversaire des 30 ans de la Galerie Stadler qui se conclut sur une authentique tribune de Louis Barnier: « Il ne m’est pas indifférent d’inscrire ici l’achevé d’imprimer traditionnel, certes pour obéir à la règle, mais aussi parce que cet achevé d’imprimer scelle trente années de collaboration entre la Galerie Stadler et l’Imprimerie Union. Depuis la carte d’invitation à l’inauguration, reproduite dans le présent ouvrage, jusqu’à cet ouvrage lui-même, l’Imprimerie Union a eu l’honneur d’être sans défaillance, l’Imprimerie de la Galerie Stadler. En un temps et en une profession où les fidélités sont rares et les sentiments inconnus, cela valait – me semble-t-il – d’être souligné » 1.
Régulièrement aussi, les achevé d’imprimer apportent des précisions sur le tirage. On relève par exemple du catalogue Iliazd-Picasso 2, « Des presses de l’Imprimerie Union à Paris le 6 mai 1976 en la fête de Saint Jean Porte Latine, Patrons des typographes et des imprimeurs », et de celui Le livre et l’artiste 1967-1976 3, « Le mardi 21 juin, premier jour de l’été ».
Louis Barnier cherche avant tout à dégager de son anonymat le travail de l’imprimeur. "Les Dissertations sur un ancien usage" de la plaquette Où l’imprimerie Union s’exerce avec tant d’autres à l’art délicat du reprint ont ainsi « été reprintées sans vergogne », de même, la plaquette Ils composent impriment brochent & ils s’essaient à photographier « commencée en octobre 1981, (…) a été achevée le mercredi 5 janvier avec une célérité que chacun saura – du moins nous l’espérons – apprécier ». Dans la préface encore, de la plaquette Ils composent impriment brochent & ils s’essaient à photographier : « En définitive, si les compagnons de l’Imprimerie Union ont retiré quelques avantages de cette fréquentation des grands photographes qu’ils ont la chance d’imprimer, c’est moins dans l’assimilation de techniques plus ou moins sophistiquées ou dans l’inspiration de thèmes plus ou moins insolites, que dans l’affinement de leur sensibilité, la plus grande acuité à leur regard ».
Certaines estampilles sont remarquables car elles s’intègrent dans la matière même de l’imprimé. Claude Givaudan édite en 1969 une boîte qui contient onze plaquettes monographiques de sculpteurs sur laquelle Louis Barnier impose l’estampille de l’Imprimerie Union à la manière des pochoirs utilisés pour le marquage des caisses en bois. L’estampille de l’Imprimerie Union se trouve aussi parfois déclinée au gré de la typographie des ouvrages. Dans Oreilles gardées de Jean Dubuffet, l’achevé d’imprimer est imprimé dans la même graphie que le texte du livre, et l’estampille de la plaquette de vœux L’art photographique est figurée dans le style art déco de la plaquette. L’estampille se trouve ainsi directement associée aux entreprises bibliophiliques originales de Louis Barnier.