Lucie barnier
Volf Chalit et son épouse Louba ont à leur arrivée en France en 1904 un premier enfant, Lucien, puis en 1906, c’est une fille qui naît, Anna, la future mère de Lucie Barnier. Tous les deux décèdent assez précocement, Anna, vers 1945-1950. Douée d’un talent certain pour la sculpture, Niouta pour les intimes, épouse Volf (Paul) Strouzer, radiologue à la clinique Geoffroy Saint-Hilaire à Paris, dont elle réalise un portrait en plâtre 1. Dominique Chautemps-Tiry, une amie très proche de Lucie Barnier, conserve encore cette œuvre ainsi que trois autres ; l’une est une tête d’enfant, et les deux autres, des têtes de femme, dont l’une fut détériorée par l’armée allemande pendant l’occupation. Plusieurs photographies gardent la trace d’autres œuvres d’Anna Strouzer dont une ronde-bosse de corps de femme taillée dans la pierre, une autre, celle d’une femme assise sur le sol.
Notons aussi qu’Anna avait une tante, donc la soeur de Louba, marié à Marc Vilter. Nous trouvons ce dernier sur une photographie en compagnie de Dimitri Snégaroff, tous les deux installés devant trois peintures de Survage.
Née en 1930, Lucie Strouzer est une enfant, d’après ses proches, rêveuse, étourdie, très attachée à ses grands-parents maternels. Elle aime la lecture des ouvrages de la collection Contes et Légendes, celle de Flaubert, Stendhal, Tolstoï, et des livres de peintures modernes et sur les peintres russes.
Dominique Chautemps-Tiry raconte : « Pendant la drôle de guerre, Lucie et sa maman Niouta se sont installées dans la maison de Lestiou dans le Loir-et-Cher où les avait conviées Ludmila Bloch Savitzky2 avec d’autres amis et nous-mêmes pour mettre à l’abri mères et enfants des bombardements éventuels. Pour les Parisiens que nous étions tous, c’était le grand bonheur, on jouait aux indiens dans les meules de foin et on contemplait la Loire dans tous ses états, le calme aussi bien que la débâcle. Jusqu’à l’exode où les amis de Niouta passèrent et les Chalit vinrent prendre Niouta et Lucie le 13 juillet 1940. Je ne sais pas où ils sont allés, ni où ils se sont cachés – pour Lyon ? Je ne sais pas ».
Pendant ce séjour dans le Loir-et-Cher, plusieurs épisodes de jeux d’enfants semblent avoir marqué la mémoire des anciens parmi lequel celui où les deux amis feront croire au débarquement des Américains, soulevant la colère de tout le village.
Après la guerre, Lucie Barnier travaille dans un premier temps à la clinique comme assistante de son père, puis après son mariage avec Louis Barnier en 1950, elle travaille aux côtés de son époux à l'Imprimerie Union.
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Sa thèse de médecine "Les Piscines et la Santé publique" rédigée en 1930 est imprimée chez Union.
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Outre le fait que Ludmila Bloch Savitzky fut la grand-mère de Dominique Tiry, elle était aussi écrivain et traductrice d’ouvrages : James Joyce, la première à le traduire en français, Virginia Woolf, Christopher Isherwood, Constantin Balmont.