Et moi aussi je suis peintre
En même temps que paraît le dernier numéro des Soirées de Paris de Juillet-août 1914, Apollinaire prévoit la sortie d’un recueil d’idéogrammes intitulé Et moi aussi je suis peintre. De grand format, l’album reste, en raison du début de la première guerre mondiale, à l’état d’épreuves d’imprimerie. Il est édité pour la première fois en 1987 aux éditions Gryphe d’après les feuilles d’épreuves du fonds Apollinaire déposées à la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet. Le projet initial fournit l’achevé d’imprimer suivant : « Achevé d’imprimer par l’Union, 46, Boulevard St-Jacques le 10 Août 1914 pour Les Soirées de Paris et tiré sur papier de Hollande Van Gelder à 200 exemplaires numérotés qui ne seront pas réimprimés ».
Une lettre d’Apollinaire à Férat datée du 29 juillet 1914 apporte une précision sur la préparation de l’ouvrage : « J’enverrai demain les épreuves du petit bouquin à Chalit. Je suis mécontent du titre et j’en cherche un » 1.
Après les premiers idéogrammes parus dans Les Soirées de Paris, Et moi aussi je suis peintre est le premier livre d’art réalisé sur les presses de l’Imprimerie Union, et même si le livre n’a pu, et pour cause, obtenir à l’époque toute la reconnaissance qu’il aurait pu escompter, il resta dans la mémoire de ses proches contemporains et notamment de celle d’André Breton : « … Symptomatique également, le désir éprouvé plus tard par Apollinaire de s’exprimer avec ses calligrammes sous une forme qui soit à la fois poétique et plastique, et plus encore son intention primitive de réunir cette sorte de poèmes sous le titre Et moi aussi je suis peintre »2.