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Imprimerie Union

Revues d’art et autres imprimés des galeristes

Après Les Soirées de Paris, Les Arts à Paris de Paul Guillaume constitue l’une des revues d’art les plus influentes des années 10-20, et il est possible de voir une forme de continuation entre les deux revues car  Apollinaire – qui préfaça les catalogues de plusieurs expositions dont celle d’André Derain qui se déroula du 15 au 21 octobre 1916 à la Galerie Paul Guillaume, "Art moderne et antique au 16 Avenue de Villiers", catalogue imprimé par Union – écrit dans le premier numéro des Arts à Paris paru le 15 mars 1918 «  toutes les rubriques sous divers pseudonymes : Paracelse, Louis Troème, F. Jolibois et Pressement. Seul l’encadré réservé à l’abonnement à la fin des deux premiers numéros, présente Paul Guillaume comme directeur de la revue »1. Vingt-et-un numéros s’échelonnent entre le mois de mars 1918 et le mois de juin 1935, tous imprimés chez Union à partir du n°4 du 15 mai 1919. « Probablement faible au début (300 à 600 exemplaires), le tirage aurait pu atteindre après 1923, grâce à l’apport financier du Docteur Barnes, un millier d’exemplaires » 2


Un relevé établi le 22 février 1922 précise que le tirage du n°7 s’élevait à 515 exemplaires, et ceux des n°8, n°9 et n°10 à 500. La parution est très irrégulière, tandis que le format reste constant. Les numéros 2 et 4 ont des couvertures en couleurs, la première illustrée par Pierre-Guy Fauconnet et la deuxième par Gontcharova. Le coût de ce raffinement ne permet pas de poursuivre l’expérience, mais Paul Guillaume reste jusqu’à la fin très soucieux de la présentation de sa revue. Il explique à ce propos, à la veille de la sortie de l’avant dernier numéro, dans une lettre datée du 15 novembre 1933 adressée aux directeurs de l’imprimerie : « Messieurs, voici un modèle de couverture qui me conviendrait si vous pouviez vous la procurer. Egalement des lettres que je trouve très belles. Les caractères viennent de chez Peignot et cela peut-être un peu plus compliqué de s’adresser à ce noble typographe que de prendre des choses que l’on a sous la main. Mais vous savez que les moindres choses que je fais sont surveillées par un public de tout premier ordre. Par conséquent il s’agit de l’honneur de votre signature ».

 

 A chaque numéro, la couverture change jouant sur la diversité des couleurs et des textures, et son texte se limite au titre, au nom du directeur, à la date et au numéro de parution de la revue. La sobriété de cette mise en page met en évidence le papier, la qualité et la variété de la  typographie dont les caractères changent aussi dans la plupart des numéros - la revue en comptera vingt-et-un. Les illustrations assez rares au commencement, ne cessent d’augmenter au rythme de la publication : le n°1 comporte deux reproductions, le n°14 en contient quarante-cinq. Il s’agit en majorité d’œuvres des artistes de l’Ecole de Paris, d’art nègre, d’œuvres de Picasso, mais on trouve également des peintures classiques italiennes, hollandaises et françaises. Quant au contenu de la revue, le catalogue de l’exposition Les Arts à Paris chez Paul Guillaume : 1918-1935 précise : « le sous-titre, Actualités critiques et littéraires des arts et de la curiosité, souligne les deux aspects présentés : d’un côté de courtes chroniques d’informations, de l’autre des textes de fonds, préfaces, essais, portraits qui lui confèrent sa véritable personnalité » 3. Parmi les auteurs des textes, Paul Guillaume, Waldemar Georges et du Docteur Barnes.

 Les archives livrent un autre document imprimé par l’Imprimerie Union à 500 exemplaires en mars 1933 pour le compte de Paul Guillaume. Il s’agit de tickets, de bons restaurants destinés aux artistes qui leur permettaient d’aller manger au restaurant Les Vikings (soit au 14, rue de Marignan, soit au 31, rue Vavin).

 

Le Bulletin de l’Effort Moderne de Léonce Rosenberg est l’organe littéraire de la galerie du même nom. La parution est régulière, quarante numéros verront le jour entre 1924 et 1927 mais l’Imprimerie Union n’imprime que les vingt-sept premiers entre janvier 1924 et septembre 1926. Tirée entre 500 et 1000 exemplaires, la revue (à l’image de la galerie) défend et accueille les principaux acteurs du cubisme, purisme et constructivisme. La revue accueille aussi des articles de Florent Fels (n°10), de Kakabadzé (n°2, extrait du Tableau constructif, traduit par Serge Romoff, n°17 et n°21). Une trentaine d’illustrations occupe les pages de la revue durant les années 1924-1925, pour retomber ensuite à une quinzaine par numéro. On remarque la présence régulière d’images des spectacles du Théâtre Kamerny (n°3, n°4 ; n°8, n°9, n°10), et celle plus ponctuelle d’œuvres de Férat (n°7), de Survage, Metzinger, Gris, Laurens (n°1), de Lipchitz, Ozenfant, Puiforcat (n°16), ainsi que d’Irène Lagut et de Chagall (n°2).

Au reste, il y avait huit factures, aujourd’hui disparues, dans les archives de l’Imprimerie Union concernant les n°10-11-13-14-16 et 17 ainsi que les coûts de cartes d’invitation, d’enveloppes, de bulletins de souscription et entêtes de lettres (notes fournies par Christian Derouet qui tenait les factures de Louis Barnier. Les notices du registre 1912-1927 fournissent des informations complémentaires sur les n°2 à 17)


N°5. Monsieur Rosenberg
Décembre 1924
1000 exemplaires Bulletin de l’Effort Moderne
N°10 du mois de décembre 1924 : 2300
Supplément pour le tirage de la couverture en trois couleurs. 50
Réduction pour 500 exemplaires en moins. 450
[total] 1900 f.
Majoration de 15 % : 285
total : 2185

N°35. Monsieur Rosenberg
décembre 1924
1000 exemplaires Bulletin de l’Effort Moderne
N°11 du mois de janvier 1925 : 2300
Supplément pour le tirage de la couverture en trois couleurs. 50
Réduction pour 500 exemplaires en moins. 450
[total] 1900 f.
Majoration de 15 % :285
total : 2185

N°93. Monsieur Rosenberg
février 1925 :
2000 cartes d’invitation
1800 enveloppes
total : 160 f.

N°93/ 157. Monsieur Rosenberg, 19 rue de la Baume
mars 1925
1000 exemplaires Bulletin de l’Effort Moderne
n° 13 du mois de mars 1925 : 2300
Supplément pour le tirage de la couverture en trois couleurs. 50
Réduction pour 700 exemplaires en moins. 630
Majoration de 25 % : 430
7 petits clichés ronds (N.N. 7.13) pour changement à 13 fr.
total : 2241
[reçu le 30 avril]

N°121/ 205. Monsieur Rosenberg, 19 rue de la Baume
mars 1925
1000 exemplaires du Bulletin de l’Effort Moderne
N° 14 du mois d’avril 1925 : 2300
Supplément pour le tirage de la couverture en trois couleurs. 50
Réduction pour 700 exemplaires en moins. 630
Majoration de 25 % : 430
7 petits clichés ronds (N.N. 7.13) pour changement à 13 fr.
total : 2241
1000 entêtes de lettres, 50 f.

N°258. Monsieur Rosenberg, 19 rue de la Baume
juin 1925
1000 exemplaires Bulletin de l’Effort Moderne
N° 16 du mois de juin 1925 : 2300
Supplément pour le tirage de la couverture en trois couleurs. 50
Réduction pour 600 exemplaires en moins. 630
Majoration de 25 % : 430
total : 2276,50
[reçu fin juillet]

N° 305. Monsieur Rosenberg, 19 rue de la Baume
mars 1925
1000 exemplaires Bulletin de l’Effort Moderne
N° 17 du mois de juillet 1925 : 2300
Supplément pour le tirage de la couverture en trois couleurs. 50
Réduction pour 600 exemplaires en moins. 630
Majoration de 25 % : 430
7 petits clichés ronds (N.N. 7. 13) pour changement à 13 fr.
total : 2276
[reçu fin août]

Monsieur L. Rosenberg
19 rue de la Baume
19 novembre
2000 entêtes de lettres 90
3000 bulletins de souscriptions 135 frs
total 225 francs

D’origine grecque, Christian Zervos entre en 1924 aux Editions Morancé où il dirige L’Art d’Aujourd’hui. Il lance en 1926 sa propre publication, Les Cahiers d’Art, imprimée jusqu’en 1933 par l’Imprimerie Union, revue qui s’arrête définitivement de paraître en 1960. Cette revue qui « avant Minotaure, imposa une typographie soignée, un accord parfait entre texte et image, de grandes illustrations » 4 ,« est la première revue à tirer tout le parti de l’accessibilité simultanée à toutes les sources artistiques. L’attention extrême que Christian Zervos portera à la qualité des reproductions, lui donnera un impact d’autant plus grand. La revue est non seulement un outil de travail indispensable pour les artistes mais également un lieu de débat, l’agora où se fondent les éclairages esthétiques, scientifiques, littéraires et poétiques » 5La collection Zervos de Vezelay, du 27 mars au 25 mai 1996, Assemblée Nationale, Galerie des Tapisseries, Paris, 1996, p. 15. En 1933, Zervos complète son œuvre éditoriale d’une nouvelle parution, 14, rue du Dragon, qui est en fait l’adresse de la galerie tenue depuis 1929 par sa femme, Yvonne Zervos ainsi que le siège des Editions des Cahiers d’Art. L’Imprimerie Union n’imprime que le premier numéro de la revue (qui en compte cinq), daté de mars 1933, bien qu’elle continue de s’occuper des Cahiers d’Art jusqu’à la fin de cette même année. Une lettre de Zervos du 15 février 1934 confirme son intention de poursuivre avec l’Imprimerie Union l’impression des Cahiers d’Art. Mais il semble que faute de règlements réguliers, l’imprimerie ait décidé d’arrêter de travailler pour l’éditeur. Celui-ci avait en effet depuis quelques temps des problèmes financiers. En 1938, il n’avait toujours pas réglé sa dette auprès de l’imprimerie.

A l’instar de Jacques Povolozky, à la même époque, Christian Zervos se lance dans l’édition de livres illustrés. Parmi les douze ouvrages répertoriés « Union », huit sortiront dans quatre collections différentes : en 1928, Gongora XX sonnets dans la Collection « Les Grands ouvrages illustrés », Frank Lloyd Wright dans la collection « Les maîtres de l’architecture moderne », et Jean Lurçat dans la collection « Les Peintres nouveaux » doublé d’une version anglaise ; et quatre volumes dans la collection « Les Grands Peintres d’Aujourd’hui » : Rousseau en 1927, Raoul Dufy et Fernand Léger en 1928, et Paul Klee en 1929. Zervos fait aussi appel à l’Imprimerie Union pour la conception de quatre ouvrages hors collection : Paysages français du 15éme siècle (1927), Manuel de Falla (1929), Les fresques de Pskov (1930), Henri Matisse (1931).

Pour tous ces ouvrages, Union s’occupe des textes, les héliotypies et les phototypies étant en effet confiées à l’Imprimerie Faucheux. Les tirages de tête, très soignés, offrent des œuvres originales dont des gouaches, des dessins ou des gravures.

Les archives de l’Imprimerie Union comptent plus de soixante-dix documents qui, hormis ceux relatifs à l’année 1928, sont tous postérieurs à la collaboration entre Zervos et Union. En effet, même si cette collaboration se prolonge jusqu’en 1932-1933, il n’est plus question durant les années 1934, 1935, 1936 et 1937 que de devis, de règlements de factures, de notifications de traites ainsi que de demandes d’arrangement à l’amiable.

René Drouin est le quatrième galeriste reconnu à faire appel au savoir-faire de l’Imprimerie Union. Le 5 juillet 1939, celui-ci et Léo Castelli inaugurent leur galerie au 17, Place Vendôme. Drouin fait faillite en 1951 et s’installe  le 20 novembre 1953 au 5, rue Visconti. Le travail commandé à l’Imprimerie Union entre novembre 1943 (exposition Jean Fautrier et mars 1950, Max Ernst), concerne une trentaine de catalogues d’exposition dont ceux de Jean Dubuffet sur les quarante publiés par la galerie durant cette période ainsi qu’une dizaine de livres d’art. A noter aussi la revue Le Spectateur des Arts de Georges Limbour qui compte un unique numéro publié sous l’égide de la Galerie Drouin : « Le Spectateur des Arts, un projet de revue qui se limitera à un seul numéro, celui de décembre 1944. Format de poche « intérieure », mince, une typographie impeccable, des textes brefs et clairs et un ours de rêve où l’on retrouve G. Limbour, Marcel Arland, Francis Ponge »4.

Les archives possèdent plusieurs bulletins de souscription, plaquettes et cartons d’exposition de la Galerie René Drouin qui concernent la période 1947-1949.



 
  1. 90 œuvres provenant du legs Zervos, 25 juin au 31 octobre 1983, Auxerre, Maison du Tourisme/Vezelay, Ancien dortoir des moines    

  2. Catalogue Les Arts à Paris chez Paul Guillaume : 1918-1935, exposition du 14 septembre 1993 au 3 janvier 1994, Musée de l’Orangerie, RMN, Paris, 1993   

  3. Ibid., p. 16    

  4. Ibid   

  5. Catalogue de l’exposition René Drouin, galeriste et éditeur d’art visionnaire, 8 juillet au 7 octobre 2001, Musée de l’Abbaye Sainte-Croix, Les Sables d’Olonne, 2001, p. 27