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Imprimerie Union

Pedro Creixams

Pedro Creixams est né à Barcelone le 9 novembre 1893 et meurt en 1966 dans la même ville. Avant son arrivée à Paris vers 1916-1917, il s’installe quelques temps à Tossa del Mare où il ouvre un restaurant. A Paris, il se destine dans un premier temps à une carrière théâtrale, avant de rejoindre rapidement l’Imprimerie Union.

 Bernard Baillaud note : « il est "phénicien" à l’imprimerie Union, c’est-à-dire qu’il œuvre auprès d’une Phénix, machine typographique à cylindre permettant l’impression sur de grands formats de papier. Créée en 1909, la maison Union avait d’abord imprimé les journaux de la communauté russe, puis, grâce à Apollinaire, la seconde série des Soirées de Paris. Cette imprimerie devint rapidement le creuset des amitiés de Creixams : "Avec quelques amis, après l’autre guerre, nous avions fait un journal : Action, dont Florent Fels était le directeur. Moi je l’imprimais. Nous avions Cendrars, Max Jacob, Malraux, Radiguet, Salmon. Nous étions des amis. Les amis, cela voulait dire quelque chose. Je n’ai jamais retrouvé de pareils moments. Blaise Cendrars !… Je lui tirais ses poèmes. Dans l’imprimerie, nous faisions la popotte avec Modigliani. Nous vivions dans un climat d’amateurisme inconscient qui fut notre salut." 1

 En effet, les documents comptables conservés dans les archives qui détaillent les dépenses et les recettes du 23 juillet 1917 au 10 août 1918 et dans lesquels le Catalan apparaît sous le  nom de sa mère - Pico - attestent qu’il travaille régulièrement au 13, rue Méchain entre le 24 juillet et le 2 novembre 1917. Plus en détail, il est mentionné le 24 juillet, les 3, 9, 18, et 30 août, puis le 12 et 19 septembre. Au mois d’octobre, il travaille le 6, le 20, le 23 et le 31, et nous le trouvons une dernière fois le 2 novembre. C’est également durant cette période que Creixams dut travailler chez l’imprimeur Bernouard comme l’évoque André Salmon dans Souvenirs sans fins.

 Par ailleurs, une lettre datée du 6 août 1921 provenant du « Syndicat général de l’impression typographique parisienne » confirme sa présence chez Union à cette époque. Son passage dans l’entreprise est aussi décrit par Florent Fels: « Un jour que les imprimeurs de l’excellente firme Union me laissaient surveiller le tirage de mes hors-texte, ils me présentèrent l’ouvrier qui tirait sur sa Minerve les reproductions en couleurs. Trapu comme un  picador, cet ouvrier d’élite me dit : "  Moi aussi je fais de la peinture. _ Comment te nommes-tu ?_ Pedro Creixams ". J’allais voir ses œuvres dans une mansarde du quartier latin et fut subjugué de ses dons. J’en parlai au jeune marchand de tableaux Paul Guillaume. Quelques jours plus tard, Creixams me dit en rougissant : " C’est épatant, votre marchand, il est venu, il m’a acheté toutes mes œuvres, tableaux, gouaches et dessins. _ Combien ? _ Il m’a donné quatre cents francs pour le tout. _ Tu vas me faire le plaisir de reprendre tout cela, c’est honteux. _ Moi, je trouve cela très suffisant ". Je l’engageai énergiquement à récupérer ses œuvres, qui eurent grâce à Pierre Loeb un destin plus conforme avec leurs réelles qualités. » Fels, Florent, L’Art vivant de 1900 à nos jours, Tome II, Edition Pierre Cailler, Genève, 1950.

 En juillet 1921, Creixams apparaît dans le catalogue des Cent du Parnasse imprimé par Union, lequel mentionne deux peintures exposées par l’artiste, ainsi que son adresse du 5 rue des Fossés Saint Jacques. Il s’installe ensuite à Montmartre et devient ami avec Picasso, Salmon, Rivera, Mac Orlan, Rouault, Carco, Othon Friesz. Pour Fels, « Creixams est responsable largement de l’intérêt accordé depuis vingt-cinq ans aux gitans et à leur chant profond le Canto Jondo, car il entraîna vers le Barrio Chino de Barcelone artistes et intellectuels. Comme Boudin avait autrefois fait connaître les plages de Saint-Adresse et Honfleur, Creixams guida vers le petit port de Tossa del Mare d’abord Naly puis Pascin suivi de son harem blanc-rose-noir-jaune, enfin les peintres de Montmartre où il réside et a créé un personnage important et autoritaire ».  Fels, Florent, L’Art vivant de 1900 à nos jours, Tome II, Edition Pierre Cailler, Genève, 1950.

 Quelques éléments pour conclure qui dépassent peut-être la simple coïncidence : Tamara de Lempicka fait le portrait en 1929 de Nana de Herrera célèbre danseuse et égérie des paquets de cigarettes « Gitanes » mais aussi compagne du Catalan durant plusieurs années avec qui elle eut un enfant. Lempicka connaissait l’Imprimerie Union puisque son atelier du 7, rue Méchain, se situait à quelques numéros des locaux qu’occupa l’imprimerie entre 1925 et 1961, au 13, rue Méchain, et que l’affiche présentant son exposition à la Galerie Colette Weil en mai 1931 fut conçue sur les presses d’Union.

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  1. Pedro Creixams à François-Régis Bastide, cit. Bernard Baillaud, Pia et Creixams, Histoires Littéraires, Dossier Pascal Pia, n°35, 2008.