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Imprimerie Union

Dimitri Snégaroff

Dimitri Snégaroff1 naît le 3 janvier 1885 à Vitebsk. Son père qui travaillait dans les chemins de fer emménage à Odessa, suivi de peu par le reste de la famille. Après son service militaire passé selon différentes sources, soit en Finlande soit à Nijni Novgorod, Dimitri Snégaroff reste quelques mois en Belgique au cours de l’année 1906. De son mariage avec Olga Bilik (1887-1971), naissent deux enfants : Grégoire et Hélène. Son parcours est ensuite mal connu, et on ne peut affirmer s’il arrive à Paris vers 1907 comme tend à le penser sa famille ; s’il travaille comme typographe pour Lénine à Genève ou lors du séjour parisien de ce dernier entre 1908 et 1912, ni même assurer qu’il fit bien parti un jour de l’équipe de ses imprimeurs. Il fut social-démocrate, puis adhère à la SFIO à la suite du Congrès de Tours le 25 décembre 1920.

 C’est très certainement à la fin de l’année 1909 que Dimitri Snégaroff et Volf Chalit fondent l’Imprimerie Union, appelée alors « Kooperativnaïa typografia soïouz », qu’ils dirigeront - si l’on excepte la direction par Fernand Mourlot pendant la seconde guerre - jusqu’au milieu des années 1950 où la direction sera assurée par Louis Barnier, le mari de la petite-fille de Chalit.

 Des quelques témoignages que nous possédons, il semble que les deux associés se soient répartis les responsabilités au sein de l’entreprise, Dimitri Snégaroff s’occupant davantage du suivi littéraire et artistique de la production, comme tendent à le confirmer plusieurs éléments parmi lesquels la correspondance échangée en 1940 avec Jacques Schiffrin, directeur de la collection de La Pléiade, les courriers de René Char et la correspondance entre Snégaroff et Iliazd2, la dédicace de Sarane Alexandrian pour le livre Victor Brauner l’illuminateur, ainsi que l’anecdote de l’impression de L’Amour et la Mémoire de Dali (Les surréalistes).

 Dimitri Snégaroff avait réuni tout au long de sa carrière une collection d’œuvres d’art dont une partie donna lieu à une vente chez Artcurial en 2005. Il fut vendu une vingtaine d’œuvres de Léopold Survage, des toiles de Victor Brauner, et d’autres de Jean Pougny, Terechkovitch, Serge Férat, ainsi qu’une peinture dédicacée par Yves Tanguy. Dimitri Snégaroff, par ailleurs d’origine juive, était aussi un ami proche du peintre Benn comme en témoignent plusieurs courriers échangés avec Jean Paulhan entre 1942 et 19433, Jean Paulhan qui par ailleurs, saura prévenir à temps l’imprimeur de la grande rafle du Vel d’Hiv4. Notons aussi que le peintre réalise les portraits de Volf Chalit et de Dimitri Snégaroff dans les années quarante. Amateur éclairé de peinture, mais aussi d’architecture, il fit construire entre 1929 et 1930 sa maison à Sceaux par l’architecte Bruno Elkouken.

 En dehors du cadre professionnel de l’Imprimerie Union, Snégaroff organisa un atelier d’imprimerie au sein de la Communauté d’Orly, qui regroupait les jeunes enfants réfugiés espagnols. Avec le consentement de la directrice Gabrielle Girard, Dimitri Snégaroff avait amené une presse, et tout le matériel nécessaire afin de publier un journal écrit et réalisé par les enfants. Ce journal, El Ramillete, en français Le Bouquet, était illustré de gravures de l’artiste Martinez.

Après avoir écrit durant toute sa vie des poèmes, Dimitri Snégaroff se consacre durant les trois dernières années qui précédent sa mort le 4 ou le 5 août 1959, à l’écriture d’un roman, Léelé, resté inachevé mais qui fut repris en 1980 par sa fille Hélène Viel5.
Le fils d'Hélène Viel, Michel Viel, a veillé toute sa vie à la sauvegarde de la mémoire de son grand-père Dimitri Snégaroff et à celle de l'Imprimerie Union. Nous avions préparé ce dossier, et d'autres, avec lui, avant son décès en janvier 2011. Ce site est aussi un hommage à Michel Viel, auprès de qui nous avons vécu des moments très riches et chaleureux, à retracer l'histoire

 

  1. « Pour l’état civil, il était Jacques Snégaroff, mais ses amis - parmi lesquels - Iliazd, l’appelaient Dimitri », Témoignages, texte de Michel Viel, Carnet n°7 de l’Iliazd-Club, Edition Clémence Hiver, 2009 .   

  2. Voir à ce propos le N°7 des Carnets de l’Iliazd-Club    

  3. la 3e vers 5 mars 42 et les autres à partir du 19 juin 43    

  4. dernière lettre avant la rafle du 10 juin 1942, la correspondance reprend le 19 juin 1943    

  5. Lire à ce propos le texte d'Antoine Perriol, Léelé, le roman inachevé de Dimitri Snégaroff, version établie par Hélène Viel, in Pierres gravées Chiffres d'une voix, Mélanges in memoriam Michel Viel, sous la direction de Yann Migoubert, Editions du relief, 2011, p.329-341.